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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

Phocylide et de Théognis, parmi les gnomiques ou poètes moralistes sentencieux. C’était, d’après les vers inscrits par Théocrite sur sa statue de bronze à Syracuse, son principal titre à la reconnaissance de ses concitoyens : « Il avait dit beaucoup de choses utiles à tous pour la vie, » et « laissé un trésor de préceptes. » Ainsi le philosophe était resté dans l’estime des Grecs à côté, sinon au-dessus du poète comique.

La comédie inventée par Épicharme n’a pas duré à Syracuse ; après lui, on ne cite que son fils ou son disciple, Dinolochos, dont il n’a survécu que quelques mots conservés dans les glossaires. Quelle en est le raison ? C’est que cette comédie n’était pas née viable, dit Bernhardy : il y manquait le souffle vivifiant de la liberté. Cela est possible ; mais avant de prononcer cette sentence absolue, il faudrait d’abord interroger l’histoire. Ce serait à elle de répondre et de nous dire pourquoi, après la révolution qui renversa le fils de Hiéron, il ne s’est pas trouvé un public pour aimer et encourager les pièces du genre de celles qu’on applaudissait sous les tyrans ; pourquoi, sous le règne des Denys, un patronage, analogue à celui de Gélon et de son frère, n’a pas suscité des continuateurs d’Épicharme et de Phormis. Peut-être le caractère de leur tyrannie, moins glorieuse, moins magnifique, moins libérale pour les arts et la poésie ; peut-