Aller au contenu

Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 104 –

mons autant te le dire, ça m’gêne que d’aller chez vous, j’avons toujours peur de te déranger…

— À propos, observa Jacques, en secouant négligemment la cendre de son cigare, sais-tu bien que les gens, commencent à trouver étrange que je ne me marie pas…

— Marie-toé, alors, remarqua le pêcheur avec un sourire triste.

— Fort bien, mon cher, mais on ne se marie pas comme ça, sans crier gare, avec la première venue sur le chemin du roi !…

— C’est pas non plus ce que je voulions dire… On m’a rapporté que tu faisais les yeux doux à Catherine Chapados, la fille à Philippe… C’est ça qui te ferait une bonne femme, jolie, accorte, bonne ménagère… avec ça que l’bonhomme a des bidous, ajouta-t-il, en frottant son pouce contre son index.

— Bah ! fit Jacques, avec une indifférence affectée, je me passerai bien des bidous de Philippe Chapados… Du reste, sa fille ne me plaît pas, et je ne lui ai jamais fait les yeux doux.

Tu d’venions difficile. Y est vrai que tout l’monde est pas docteur… Y a encore Charlotte Huard. V’là qui te ferait un bon brin d’femme, et puis…

— Mon cher Abel, interrompit Jacques, tu es à cent lieues de ma pensée… Il n’y a qu’une femme que j’épouserai… Sais-tu qui ?

— Non… répondit gauchement Abel, en remplaçant la chandelle, qui menaçait de s’éteindre.

— Françoise Aspirot.