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pesants dans le corridor donnant sur la chambre de sa fille. De temps à autre il jetait un coup d’œil inquiet par la porte entre-baillée. Le silence lourd, accablant de la maison n’était interrompu que par le tic-tac cadencé de la grande horloge séculaire qui montait de la salle à manger.

— Papa, appela une voix faible et traînante dont le timbre douloureux et caressant attirait la sympathie et les larmes.

— Oué, ma p’tite, répondit Narcisse Bigué en accourant dans la chambre dont le plancher craqua.

— Est-ce que toi aussi tu ne vas pas à la messe de minuit ? demanda Louise avec un sourire navré.

— Ah ben, par exemple ! Louise, crés-tu que j’m’en vas te laisser icitte toute fine seule ?

— Mais, ma tante Josephte ?

— Oué, tu peux en parler de ta tante Josephte qu’est sourde comme un pot, et qui prend une demi-heure à grimper l’escalier !

— Non, papa, sois sans crainte. Et, d’ailleurs, je veux moi, que tu t’y rendes à la messe de minuit. Dis que tu vas y aller et prier pour ta Louise. Je ne sais pas, mais il me semble que cela me portera bonheur.

Tiens, papa, ajouta-t-elle, avec câlinerie, approche-toi de moi… Plus près encore. Comme ça, bien. Laisse-moi t’embrasser.