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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/132

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lumières. Maintenant, au-dessus du village recueilli et agenouillé, un chant grandiose, un hymne du cœur juste et bon, s’élevait mêlé à ces accords de l’orgue qui empoignent l’âme :

« Minuit, chrétiens, c’est l’heure solennelle,
Où l’Homme-Dieu descendit jusqu’à nous. »

Le père de Louise, le front dans les mains, était affaissé, comme écrasé sous un poids dont il ne pouvait analyser la nature.

Non, à la fin, c’en était trop ! Il ne pouvait plus supporter cette douleur. Pourquoi sa fille, sa petite Louise n’était-elle pas avec lui ? Qu’il était grand, sans elle, ce banc d’église ! Et elle qui se mourait à cause de lui ! Comment un sot orgueil et un criminel entêtement l’avaient-ils amené jusque-là ! Et si vraiment elle allait mourir, s’il allait ne plus la revoir ! Mais alors il serait… Non, non, il ne pouvait poursuivre cette idée. Elle, sa fille, la seule enfant qui lui restait, mourir ! non, il n’avait pas cru que cela se pût. Il s’était imaginé qu’elle n’était malade que de trop aimer. Son entêtement l’avait aveuglé. Cette nuit, le bandeau lui tombait des yeux.

 Gloria in excelsis Deo : Et in terra pax hominibus
bonae voluntatis !


chantait durant ce temps-là une voix mâle.