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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/145

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d’œil, quand tout à coup, crac ! un arrêt subit, un recul brusque, puis plus rien.

La voiture refuse d’avancer.

M. Robichon, qui de sa machine ne connaît que le volant et les freins, descend, remonte, va, vient, tourne, sue à grosses gouttes, se démène en tous sens.

Bernique ! on est mécanicien ou on ne l’est pas.

Il maugrée, madame se lamente, Prudence pousse des soupirs, Pancrace veut donner des conseils, les petits Robichon pleurnichent, Charles garde le silence.

Des nuages inquiétants moutonnent dans le ciel gris, la nuit se fait peu à peu, et l’on ne veut pas rester en panne en pleine campagne.

— Il faut remorquer, conclut le perruquier avec découragement. Prenez patience.

Et il dirige ses pas vers une modeste maison.

Il frappe. Un petit vieux aux paupières clignotantes ouvre la porte.

— Bonjour, monsieur.

— Bonjour, reprend le petit vieux.

— Ne pourriez-vous pas m’aider à remorquer mon automobile à l’Assomption ? Vous devez avoir de bons chevaux ?

— Le petit vieux, promenant ses doigts calleux dans sa longue barbe, clignota.

— J’en ai une couple qui sont pas mal, dit-il, mais y ont peur de vot’invention comme du diable tout pur. Bonne chance !