Aller au contenu

Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 147 –

Et il se dirigea résolument de ce côté.

Il n’avait pas fait vingt pas qu’il entendit une voix rude partie de l’intérieur du logis :

César, mange-le !

Quelle ne fut pas son épouvante à la vue d’un dogue qu’un être invisible venait de lâcher à ses trousses.

Parlementer était impossible.

Aussi M. Robichon prit-il ses jambes à son cou.

Malheureusement, gêné par son gros ventre, il avançait aussi vite que dans un cauchemar.

Il poussa soudain un gémissement et porta ses mains, derrière le dos.

Tournant la tête, il s’aperçut avec un soulagement indicible que son féroce ennemi reprenait le sentier du chenil.

Le molosse, cependant, tenait entre ses crocs un morceau d’étoffe à carreaux noirs et gris, qu’il agitait fièrement tel un lambeau de drapeau au soir d’une bataille.

Revenu parmi les siens, l’infortuné s’est abattu sur le bord d’un fossé, en ayant bien garde de ne pas se laisser voir sur toutes ses faces.

— Maudite automobile, sanglote-t-il, le crâne poli dans les mains, si jamais on m’y reprend !…

Entendez-moi bien. Foi de Robichon ! personne de notre famille ne remontera dans cette machine. Si je ne m’en débarrasse pas, j’y mets le feu. C’est dit.

Et comme Mlle Robichon récriminait :