Aller au contenu

Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 187 —

père qu’il voudra bien ne pas trop m’en vouloir de mon étourderie.

Le jeune homme s’inclina.

— Je n’y pense déjà plus, fit-il, avec une galanterie parfaite.

Ma tante, tout de même, raconta comment cela s’était passé. Naturellement, sa pudeur lui interdit d’entrer dans les détails et d’expliquer la cause de son ressentiment.

— Enfin, s’enquit M. Beaulieu, peu satisfait des explications de sa fille, tout cela est bel et bon. Mais, je voudrais bien savoir quelle mouche t’avait piquée pour risquer, à propos de rien, de tuer les passants ?

— C’est que, répondit ma tante en rougissant jusqu’à la racine de ses cheveux blonds, c’est que… c’est difficile à dire.

M. Beaulieu devenait d’une ténacité désespérante.

— Admettons que ce soit difficile, donne-nous une raison, néanmoins. En voulais-tu à ce monsieur ?

— Pas plus à lui qu’aux autres, répondit-elle les yeux sur la pointe de ses souliers.

— Alors ?

La jeune fille s’impatienta.

— Je vous raconterai cela à vous seul. Je ne puis toujours pas mettre les étrangers au courant de mes affaires intimes.

M. Bournival, de plus en plus empressé, à mesure que le dialogue se poursuivait, intervint :

— Je vous en prie, Monsieur Beaulieu, vous me fe-