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Lionel. — Mais, ma présence dans ce boudoir, auprès de votre exquise personne, deux mois seulement après que… vous avez changé la couleur de vos toilettes, n’est-elle pas plus inconvenante ?

Mme Beaudry (conciliante). — Oh ! ce n’est plus la même chose… Nous sommes de vieux amis, des camarades d’enfance… Et puis, (très triste), vous m’avez témoigné tant d’attirante sympathie après le départ si douloureux et subit de mon adoré mari… (Long, très long silence).

Lionel (la voix grave). — Quel homme charmant !… C’était mon meilleur ami…

Mme Beaudry (faisant écho, les yeux dans le vague). — Charmant !…

Silence

Lionel. — La mort est une terrible affaire…

Mme Beaudry (émue à l’extrême). — Terrible affaire !… De ma vie je n’oublierai Charles… Je l’ai constamment devant les yeux…

Lionel. — Ce sentiment vous honore, Madame, et me confirme dans la haute estime que j’ai toujours nourrie pour vous.

Mme Beaudry. — Merci, Monsieur… Et, la dernière fois que je suis allée déposer des fleurs sur sa tombe, je