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mes compliments. Tu es épris et passionnément. Il n’y a plus de remède possible. Tu es incurable.

Paul. — Oui, j’aime et voilà pourquoi je trouve dans l’étude ce charme et cette facilité que tu ne connais pas.

Roland (levant les épaules). — Aimer ! encore un mot sonore et vide de sens. Comment veux-tu que je m’éprenne de celle-ci ou de celle-là. Les jeunes filles, tu t’adresses bien si tu veux faire leur panégyrique. Des êtres frivoles dont le cœur n’est qu’un caméléon et la tête qu’une girouette grincheuse ; des êtres qui ne savent que parler jupons, chapeaux, corsages, bridges, réceptions, bals et défauts, des êtres qui changent d’amour septante fois sept fois ; des êtres bouffis de prétention, de jalousie et de susceptibilité ; des parvenues se réclamant toutes d’un high-life qui n’existe pas, des êtres dont l’idéal de la distinction, de l’esprit et de l’intelligence est un beau valseur… des êtres enfin qui s’habillent, se déshabillent et babillent… Oh ! on les connaît ! Et voilà, toi, ce que tu me proposes candidement comme stimulant à l’étude de cette maudite médecine !

Femme ou médecine, médecine ou femme, pour moi, la première qui sort du sac ne vaut pas mieux que celle qui reste au fond.

Paul. — Donne-moi une allumette. (Il allume une cigarette et en donne une à son ami). Pour déblatérer