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ainsi contre nos Canadiennes, il ne faut pas que tu les connaisses. Non Roland, détrompe-toi. Nous avons encore, et en très grand nombre, Dieu merci ! de bonnes et charmantes jeunes filles, dont le cœur fidèle ne demande qu’à chérir un mari qu’elles entoureront de soins affectueux et de prévenances caressantes ; dont la chaîne ne sera pas de plomb mais deux beaux bras blancs, lesquels, sois-en sûr, se dénoueront de temps à autre, pour donner à leur seigneur et maître un peu d’air et de liberté.

Si la vertu de certaines chancelle, faisons un silence et pardonnons-leur généreusement ; elles ont trop ou mal aimé. Mais la forte majorité, n’en doute pas, est foncièrement honnête, et quant à leur esprit, halte-là, nombre d’entre elles en ont plus dans l’ongle de leur petit doigt que nous dans nos grosses têtes folles.

Roland. — Pour éloquent qu’il soit ton plaidoyer ne peut me convaincre. Entends-moi bien, jamais je ne me marierai, jamais je ne serai médecin. C’est mon dernier mot. Et si tu veux que nous soyons amis comme par le passé, restons-en là.

Paul (tendant la main à Roland). — Soit. Allons ! au revoir, tu n’es pas d’humeur à rire, aujourd’hui, c’est évident. Au moins, avant de te quitter, accorde-moi une faveur. Je t’emmène au théâtre, ce soir. On joue la Dame aux Camélias. Tu acceptes ?