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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/221

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haute. C’est notre noblesse à nous et nous en sommes fiers. Toi, tu es le premier qui déroges. Et cela après tous les sacrifices que je me suis imposés pour ton éducation. Est-ce assez pénible ?

En outre, quelle science plus élevée, plus digne de l’humanité ? Quel apostolat sublime que celui du médecin qui guérit ses semblables ?…

Roland (en aparté). — Quand il ne les tue pas…

Le docteur Dubois (continuant toujours). — Qui conserve l’enfant à la mère, la mère à l’enfant, le père à la fille, la fille au père, la femme au mari, le mari à la femme. Je ne reconnais qu’un homme au monde supérieur au médecin : le prêtre, qui guérit les âmes. Et voilà ce que tu dédaignes, toi, mon fils, par un sot entêtement. Ah ! si tu étais témoin des larmes que ta mère verse chaque jour sur toi.

Roland. — Aussi, est-ce votre faute à vous, mon père.

Le docteur Dubois (indigné). — Ma faute à moi ! tu as dit ma faute !

Roland. — C’est malheureusement trop vrai. Pourquoi m’avez-vous mis à la porte comme un valet ? Pourquoi vous acharnez-vous à faire de moi un médecin ? Les arguments que vous avez apportés tout à l’heure à l’appui de votre volonté sont très touchants, je l’avoue,