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C’est que Gonaterezon, rival d’Aontarisati, a montré une même vaillance à la guerre, et a promis au père, en échange de la beauté de sa fille, des présents aussi tentants.

Le chef avait réuni la parenté pour délibérer avec eux de cette alliance. Âge, race, crédit, bravoure, munificence des deux prétendants, tout avait été mis dans la balance. Le conseil de famille les avait trouvés tous deux du même poids. Et, bien que Nénuphar-du-Lac se fût secrètement déclarée pour Aontarisati, elle attendait avec impatience que son père eût parlé.

Or, un matin, en présence de la bourgade rassemblée, Kiotsaeton avait promis la main de sa fille à celui qui accomplirait l’acte de bravoure le plus téméraire.

Depuis ce jour, plus qu’auparavant même, Aontarisati n’osa, comme c’était la coutume parmi les amoureux indiens, regarder Nénuphar-du-Lac, ni lui parler, ni demeurer auprès d’elle, excepté par occasion. Il ne devait manifester aucun signe extérieur de sa passion, de peur d’être tourné en ridicule par ses compatriotes et de faire honte à celle qu’il avait choisie entre toutes.

Et cette nuit-là, que son amour le hantait plus que jamais, Aontarisati voulut en finir et mériter le prix qui l’obsédait sans cesse, ou tomber victime de cette course au bonheur.

Après avoir levé les yeux et les bras au ciel, il redescendit le rocher à pas lents. À mesure que s’affermissait sa décision, il accélérait sa marche.

Il se trouva bientôt dans une sorte de clairière entou-