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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/42

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Ce matin-là, donc au grand soleil qui jetait à profusion l’émeraude et l’or dans les bois et sur les champs de maïs, entre les huttes faites de peaux de bêtes ou d’écorces de bouleau, hommes, femmes et enfants, étaient assis sur deux rangées, attendant avec impatience le moment où le sagamo donnerait le signal du supplice.

Soudain, Aontarisati fait retentir une sorte de conque marine, et un enfant apparaît dans l’enceinte.

C’est Jean de Champflour.

Le pauvre petiot tremble de tous ses membres.

Pour le forcer à courir, Gonaterezon, qui a réclamé le supplice de l’enfant à grands cris, par la rage d’avoir perdu Nénuphar-du-Lac, le frappe d’un coup de bâton.

Le captif court, tandis que sur son corps nu les coups de bâton laissent leurs sanglantes empreintes.

C’est une pitié de voir ce pauvret, qui, jusqu’à ce jour, n’a connu que les caresses et les baisers, gémir sous les verges qui s’abattent sur ses membres frêles.

Les jeunes mères, le front traversé de larges courroies qui soutiennent leurs enfants au maillot dans des paniers d’osier, semblent demander grâce par les pleurs qui perlent à leurs longs cils noirs.

Jean, tout à coup, s’affaisse avec un gémissement d’oiseau blessé.

— Oh ! maman, maman, appelle-t-il.

Un coup plus violent que les autres, qui l’a frappé à la tête fait couler le sang en abondance.

Le conseil des Anciens, cependant, a décidé que le