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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/52

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oreilles de cette délicieuse enfant des bois, transportée par la musique de ces aveux qui résonnaient à son cœur comme des accords jusqu’alors à elle inconnus.

La jeune fille roulait entre ses doigts fuselés, que n’avaient pas encore grossis les travaux manuels de la vie indienne, un des colliers de porcelaine qui pendaient sur sa poitrine.

Elle leva timidement ses prunelles, qui brillèrent comme deux astres dans la nuit claire.

— Si le sagamo, mon père, dit-elle, accepte la demande du plus généreux et du plus intrépide de ses guerriers, le cœur de Biche-Blanche ne cessera d’appartenir à Andioura que lorsque tomberont ces arbres qui nous couvrent de leur voûte protectrice, que quand aura cessé de couler cette cascade dont la musique n’est que l’écho de l’enivrement de tes paroles.

Ce serment jette Andioura dans un transport indicible.

Il lève au ciel étincelant d’étoiles ses deux bras bronzés par le soleil et la vie errante des camps.

— Ô grand Manitou, s’écrie-t-il, entends mon serment ! Jamais dans mon wigwam n’entrera d’autre squaw que Biche-Blanche, qui m’a pris mon cœur par son innocence et m’a charmé les yeux par sa beauté sans rivale ! Et je veux, si je manque à ma parole, que tu me fasses tomber entre les mains de mes ennemis ; que sur le bûcher, au lieu d’entonner avec joie le chant de mort, je pleure comme une vieille femme ; et que mon corps,