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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/54

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courroucée contre moi, sans doute, me laisse souffrir sans soulager ma peine.

L’autmoin, que j’ai consulté, a soufflé et ressoufflé sur moi avec ses enchantements ordinaires. Enfin, n’y pouvant rien, il a fini par déclarer que j’étais sous le charme de la femme du manitou.

Viens, Biche-Blanche, il n’est pas bon que l’homme ennuie la femme de ses chagrins. Retournons vers le sagamo, qui doit trouver longue ton absence du wigwam. Il est temps de prendre notre repos.

Mais, après que Biche-Blanche se fût retirée sur sa natte de roseaux recouverts d’une peau d’ours, Andioura s’assit, les jambes croisées, près du feu, auquel il ralluma sa pipe de pétun.

La lune avait atteint le zénith, mais Andioura n’avait pas quitté sa place, sa pipe éteinte entre les dents.

Une main le touche à l’épaule.

Il sursaute en portant la main à son couteau.

— Mon frère Andioura ne reconnaît plus la main qui caresse de la main qui frappe, remarque Aontarisati, un sourire amer aux lèvres.

Le jeune guerrier, cette nuit, est triste comme le faon dont la mère vient de tomber sous la flèche du chasseur.

Ne puis-je rien pour éloigner ces nuages de ton front et y faire resplendir un rayon de soleil ?

— Généreux sagamo, répond Andioura, mon âme sera