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V


Aontarisati n’avait pas vengé la mort des deux fils de Kiotsaeton, tués à la guerre.

Il fit donc porter un édit dans tout le pays des Agniehronnons, invitant à la guerre tout homme capable de porter les armes.

Tout ennemi, Français ou Indien, qui tomberait entre leurs mains, devait être impitoyablement mis à mort.

Il fallait surtout enlever la bourgade des Trois-Rivières, et faire subir les derniers supplices aux habitants qu’on y capturerait.

C’est au mois de février 1663 que fut conçu ce projet.

Pour en assurer l’exécution, une petite armée d’Agniehronnons alla prendre ses quartiers d’hiver à trois lieues da la place, dans la profondeur de la forêt, où il se construisit un fortin en troncs d’arbres entouré d’un tranchée. L’Indien croyait, non sans raison, surprendre plus facilement les habitants lorsque les neiges épaisses et les froids de loup feraient plus penser à la paix qu’à la guerre.

Les éclaireurs iroquois se hasardèrent jusqu’à deux ou trois milles de la bourgade.

Quelques Algonquins, occupés à chasser l’orignal, les surprirent. Abandonnant là leur chasse, ils coururent donner l’éveil aux Trois-Rivières.

On fortifia les bastions et les courtines, on redoubla les gardes et les sentinelles, et l’on attendit. Toutes