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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/78

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nes mariées. On dirait que ces chalets ont une âme tant ils sont attirants et qu’ils communiquent de joie et de contentement.

— Si tu continues ta description, fit la voix en trompette, tu vas nous conduire à Nangasaki, avec ses collines, ses pommiers, ses lilas. Il n’y manquerait plus que madame Butterfly.

— C’est précisément là où j’allais en venir.

Je mettais pied à terre sur le quai de la station, avec cet air d’indécision et d’égarement qui nous accompagne quand on débarque dans une place inconnue, lorsque soudain, mer, voiles blanches, phare, pentes en fleurs, bosquets, cottages égrenés dans la verdure, tout disparut comme sous le coup d’une baguette enchantée.

Et cette baguette enchantée était une enfant superbe…

— Naturellement, c’était inévitable, interrompit le petit Cornu, encore quelque affaire de femme…

— Silence ! je vous ai ordonné de ne pas m’interrompre, ou sinon je vous flanque tous à la porte !

— À l’ordre ! à l’ordre ! hurlâmes-nous, avec un accord touchant.

— Je disais donc, continua Charles, une enfant superbe, la plus adorable créature qu’aient jamais abritée les cieux. Elle n’était pas grande, mais si délicieusement petite ! Sa taille se dégageait si souple et onduleuse dans la robe de satinette bleu marin. Elle avait le pied si mignon que c’était une pitié de lui voir fouler les mauvais madriers du quai de la station. Ils n’é-