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taient faits que pour marcher sur des tapis de lys et de roses.

— Quelle était la couleur de ses cheveux ? demanda Planchon.

Et les questions s’entrecroisant :

— De ses yeux ?

— Portait-elle un merry-widow ?

— Ou un mushroom ?

— Ou un canotier ?

— Était-ce un panama ?

— Vous êtes assommants avec vos questions, interrompit le narrateur avec humeur. Il n’y a vraiment pas de plaisir à vous raconter d’histoire…

D’abord, je vous dirai qu’elle ne portait pas de coiffure. Et c’était bien fait, car c’eût été une honte de masquer sous une de ces horribles cuvettes que la mode impose à nos femmes, à nos sœurs, à nos fiancées, la masse des cheveux qui nimbait son front de vierge d’un diadème d’or.

Était-ce éblouissement, dans la blancheur rayonnante de son teint de blonde, ses grands yeux chatoyants me parurent deux améthystes dans un écrin de satin immaculé.

— Des améthystes ! s’exclama Cornu avec un rire insulteur, les cheveux d’or, passe ! mais tu ne nous feras jamais croire que ta Belle au bois dormant avait les yeux violets !…

— Je maintiens ce que j’ai dit, repartit Charles, piqué au vif. Quand nos regards se croisèrent — jamais