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FLORENCE

Hubert avait cette délicatesse qui sait garder une juste mesure dans les plus grandes joies. Craignant que la jeune fille qui se mirait dans ses yeux ne fût lasse, il lui demanda si elle était fatiguée.

— Cette atmosphère est embrasée. Si nous allions dans le jardin ?

— Avec plaisir, mademoiselle.

Florence alla chercher un châle de soie blanche.

— Permettez, mademoiselle.

Et il le lui mit sur les épaules. Une de ses mains frôla le cou de la jeune fille.

Elle rougit et regarda les fleurs d’oranger dessinées sur le tapis du salon.

Il sentit un frisson parcourir ses membres.

Tous deux d’abord gardent le silence — toujours la vieille histoire — en se promenant à travers les allées froides et nues du jardin. Au ciel, la lune semble briller d’un éclat inaccoutumé. On dirait qu’elle prend à cœur son rôle de chaperon.

Pauvre lune ! combien de fois n’a-t-elle pas eu à remplir ce pénible devoir !

Chaperon parfois traître et dangereux.

Quant aux étoiles, ce sont autant de chérubins qui folâtrent et qui n’y entendent rien.

Peu dangereuses celles-là. Mais la lune ! oh ! la lune !

Florence s’assit sur un banc rustique.

Hubert de même, naturellement.

— Serais-je indiscrète, questionna Florence sans plus de préambule, si je vous priais de me dire, monsieur, pourquoi vous m’avez caché votre nom, lorsque…