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FLORENCE

et qui sans crier gare, y tombe tête baissée, commet certainement un grand crime.

Après cette longue tirade qu’elle a débitée tout d’un trait, Laurette doit respirer longuement.

— Mais, mademoiselle, les affaires, voyez vous, les occupations multiples d’un homme qui remplit les triples fonctions de journaliste, d’écrivain et de politique, ne lui laissent pas le loisir de…

— Oh ! oui, je sais, les hommes sont toujours occupés, excepté quand quelque chose les touche de près.

— “ Concedo," mademoiselle, vous avez toujours raison, et je vous offre mes plus sincères félicitations. J’espère que j’aurai le plaisir de vous revoir. Bonjour.

L’altière prétentieuse, tout étonnée, ne bougeait pas plus qu’une statue de sel.

— Mais qu’a-t-il donc, se dit-elle, la bouche ouverte et en le regardant, s’en aller. Comment se fait-il que moi, qui serai si grassement dotée, ne voie pas tous les célibataires à mes pieds ? Ah ! les hommes ! les hommes !

Ce matin-là, Hubert aurait volontiers envoyé paître toutes les jeunes filles de Montréal, même les plus séduisantes, excepté sa douce Florence. Aussi, répondait-il par un salut rapide aux gracieux sourires qu’elles lui faisaient.

Enfin il arrive tout essoufflé chez M. T.-S. Brown.

Il soulève le lourd marteau en fer battu, qui retombe avec un bruit impérieux.

Une soubrette à l’œil noir et éveillé comme celui d’un émerillon, vient ouvrir.

— Bonjour, ma belle, M. Brown est-il ici ?