Page:Girard - Martyre du R. P. Chapedelaine, paru dans Le Monde illustré, 27 février 1858.djvu/11

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Le surlendemain, nouveau supplice : il est placé dans une cage d’un mètre environ de hauteur, la tête prise dans la plate-forme de manière à ce que le corps ne pouvant reposer complètement ni sur la plante des pieds, ni sur les genoux, le martyr subissait toutes les douleurs de la strangulation sans en éprouver la crise suprême. L’heure si ardemment espérée par le pieux confesseur approchait enfin, il avait été jugé par Dieu digne de recevoir la couronne de la justification sanglante ; mais le souverain Maître lui réservait une autre joie : à celui qui avait sacrifié pour lui patrie et famille, il allait rendre patrie et famille à la fois, la patrie céleste et une famille de martyrs engendrée par lui à la vie de la grâce. Déjà un de ses néophytes, Laurent Pe-mou, avait eu la tête tranchée sous ses yeux, en proclamant généreusement ses croyances. C’était le tour d’une jeune veuve, Agnès Tsaou-Kong, qui s’était vouée à l’éducation : « Si tu ne renonces à l’instant même à la religion de ton prêtre Ma, lui dit le mandarin en terminant son interrogatoire, je te fais mourir. — Je ne renoncerai pas à la religion du Seigneur du ciel… La mort plutôt ! — Soit ! Alors, choisis toi-même