Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/104

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qu’il n’y a rien de plus vulgaire que les prodiges.

Dans les Mille et une Nuits, il est bien encore question d’un petit pavillon économique, qui, déployé d’une certaine manière, abritait une armée de deux cent mille hommes. Je ne sache pas qu’on ait imaginé encore rien de semblable ; peut-être n’en a-t-on pas besoin. Bonaparte, lui, logeait chaque soir en idée ses soldats dans les villes qu’il comptait prendre dans la journée : nous, nous les logeons chez nous pour l’instant ; mais si nous faisions la guerre, je gage que nous remplacerions avec avantage le parasol de la fée Paribanou, et que, ce qui fut la merveille d’un conte arabe, ne sera pour nous qu’un procédé économique fort ingénieux.

Tout cela vous explique comment un rival de Verdier, dont nous ne vous donnerons pas l’adresse, par des raisons qui nous sont particulières, a trouvé le moyen de faire une canne merveilleuse, qui a la propriété de rendre invisible celui qui la porte. Invisible, invisible seulement ; non pas insensible, non pas im-