Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/106

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fait pour lire dans l’âme de ses héros : de la Femme de trente ans, d’Eugénie Grandet, de Louis Lambert, de Madame Jules, de Madame de Beauséant, du Père Goriot, et dans tant d’autres âmes dont il a raconté les souffrances avec une vérité si palpitante.

On se disait : « Comment se fait-il que M. de Balzac, qui n’est point avare, connaisse si bien tous les sentiments, toutes les tortures, les jouissances de l’avare ? Comment M. de Balzac, qui n’a jamais été couturière, sait-il si bien toutes les pensées, les petites ambitions, les chimères intimes d’une jeune ouvrière de la rue Mouffetard ? Comment peut-il si fidèlement représenter ses héros, non-seulement dans leurs rapports avec les autres, mais dans les détails les plus intimes de la solitude ? Qu’il sache les sentiments, soit : l’art peut les rêver et rencontrer juste ; mais qu’il connaisse si parfaitement les habitudes, les routines, et jusqu’aux plus secrètes minuties d’un caractère, les manies d’un vice, les nuances imperceptibles d’une passion, les familiarités du génie… cela est surprenant. La vie privée,