Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/166

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la nuit dans le salon d’une auberge dont toutes les chambres sont occupées.

Tancrède la regardait en silence ; tant de calme et de fermeté le révoltait.

— Elle ne m’aimait point, pensait-il, je m’étais trompé.

Cette pensée le faisait souffrir ; il voulut s’en venger. Il affecta une grande indifférence, et joua le rôle d’un homme subitement guéri de son amour ; il sentait sa situation ridicule. Malvina avait sur lui trop d’avantages par sa froideur et sa dignité ; il voulut la déconcerter en détruisant ce prestige, en ôtant à cette scène toute la solennité que le maintien grave de madame Thélissier lui donnait.

Alors il prit la parole, comme s’il causait dans un salon, et dit d’un air parfaitement sérieux :

— Vous savez, madame, que M. Guizot a offert sa démission ?

Malvina, qui ne s’attendait nullement à M. Guizot, à cette heure, ne put s’empêcher de sourire.