Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/17

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qui font de grandes affaires, n’aimait pas à paraître affairé ; car c’est une chose à remarquer :

Les gens inutiles, qui ne font que de méchantes petites affaires, ont la prétention de n’avoir pas un moment à eux ; ils s’abîment dans des paperasses innombrables, ils ne dorment pas, ils dînent en poste, ils embrassent leur femme en mettant leurs gants, ils ne font leur barbe qu’une fois par semaine ; enfin ils s’épuisent à paraître occupés, afin de se donner du crédit.

Les hommes très-occupés, au contraire, ont la prétention d’être toujours libres ; ils font les grands seigneurs oisifs ; ils se posent comme de petits Césars et dictent plusieurs lettres à la fois, d’un air nonchalant et distrait, en prenant une tasse de thé ou de chocolat. Leur manie, c’est de ne pas savoir comment ils sont devenus millionnaires.

Nous ne parlons pas de ceux dont l’activité est infatigable, qui entreprennent plus d’affaires qu’ils n’en peuvent suivre. Ceux-là n’ont pas même le temps d’avoir des prétentions.