Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/22

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L’espérance produit la bienveillance et la générosité chez les nobles natures ; il n’y a que les cœurs envieux et médiocres qui se resserrent et se ferment à l’approche du bonheur.

M. Nantua retrouvant tout à coup la chance d’exécuter un grand projet, qu’un obstacle survenu soudain avait un moment dérangé, se sentait dans une de ces bonnes dispositions de l’esprit où l’on aime à faire le bien, non pas pour le plaisir de faire le bien en lui-même, mais pour faire partager à un autre la joie que l’on ressent. Ce n’est pas un homme heureux que l’on veut, c’est un esprit content que l’on excite, afin que sa disposition s’harmonise avec la nôtre. C’est un convive que nous invitons au banquet qui nous est offert, un convive que nous enivrons pour qu’il partage notre plaisir et que le repas soit plus joyeux.

— Ma foi, vous avez du bonheur, dit M. Nantua en s’approchant de la cheminée, car voilà justement une affaire…

M. Nantua s’interrompit tout à coup ; son regard resta fixé, comme par enchantement,