Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/24

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et ma fille, qui est déjà si romanesque, si elle le voyait… Ah ! bon Dieu ! il ne me manquerait plus que cela ; il est gueux comme un rat d’église, ce n’est pas le gendre qu’il me faut ; sans compter que ces beaux hommes-là sont toujours bêtes et paresseux.

— Vous me voyez stupéfait, dit-il tout haut et pour expliquer ce long silence ; je ne puis me lasser de vous regarder tant votre ressemblance avec votre mère me frappe.

— On m’a souvent dit cela, répondit Tancrède.

Et soudain il se sentit attristé ; sa confiance s’évanouissait, et il ne pouvait se rendre compte du motif qui la lui ôtait.

Le fait est que M. Nantua n’avait pas mis, en prononçant ces mots, l’inflexion qu’il aurait dû y mettre. Son accent était froid, son maintien embarrassé, enfin tout en lui trahissait le changement subit qui s’était opéré dans ses projets à l’égard de son protégé.

— Déjà onze heures et demie ! s’écria M. Nantua en regardant la pendule.