Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/241

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si belle, qu’il cessa de l’aimer un moment… il l’admira !

Mais elle dit ces vers qu’elle venait de finir. Ces vers étaient pour lui, et, quand il comprit que son amour les avait inspirés, il lui pardonna d’avoir eu le talent de les faire.


MON ANGE GARDIEN[1].


Comme l’être immortel que chante Marceline,[2]
Son front n’est point orné de rayons éclatants ;
Il n’a point la fraîcheur et la grâce enfantine
Des roses du printemps.

Son voile n’est pas d’or, sa robe n’est pas blanche
Comme le nénuphar, ami des flots déserts ;
Sur mon cœur, tout à lui, jamais il ne se penche
En répétant mes vers.

Jamais je n’entendis sa voix lente et sonore,
Me murmurer bien bas ces mots doux et confus,
Langage harmonieux que l’on écoute encore
Quand on ne l’entend plus.

Jamais, jamais sa main n’a tremblé dans la mienne !…
Un seul jour ses yeux noirs ont rencontré mes yeux…
Il tient pourtant ma vie enchaînée à la sienne,
Comme la terre aux cieux !

  1. Ces vers sont de mademoiselle Élise Moreau, qui a bien voulu permettre qu’ils fussent publiés dans ce roman.
  2. Madame Valmore.