Page:Girardin - La République et les Républicains.djvu/5

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constitutionnel, tel que, par une exception unique, il en existe une en Angleterre, nous n’avons jamais cru qu’elle s’acclimaterait dans aucun autre climat de l’Europe. Le problème à résoudre était de réunir ensemble les avantages que présentent la monarchie et la république ; or le problème a été résolu, mais dans le sens inverse, de sorte que, au lieu des avantages, on a eu tout à la fois les inconvénients d’une république et les inconvénients d’une monarchie.

On sait assez combien de nuances peut affecter le gouvernement monarchique, depuis le despotisme de l’Orient jusqu’aux monarchies les plus tempérées ; ces nuances ne sont ni moins nombreuses ni moins sensibles entre les diverses sortes de républiques ; ainsi donc il y a autant de manières d’être républicain qu’il y en a d’être partisan du gouvernement d’un seul ; il peut même arriver que le peuple jouisse de moins de liberté sous tel gouvernement républicain que sous tel gouvernement monarchique ; sous ce rapport il valait incontestablement mieux être sujet des rois de France que sujet de la république de Venise.

La forme d’un gouvernement n’est pas un but, c’est un moyen. Le but est, ou du moins doit être de donner à une nation la plus grande sommé possible de gloire et de prospérité ; au peuple, la plus grande somme possible de liberté soumise aux lois de l’égalité, parce que l’égalité est une impérieuse conséquence de la justice ; à chaque citoyen, la plus grande somme possible de bonheur, ce qui ne peut exister que dans les liens d’une commune fraternité. Tels sont les principes qui doivent servir de bases à toute bonne législation ; mais au dessus des principes, même les plus purs, il y a une chose qui domine tout ; cette chose c’est la possibilité toujours et l’opportunité quelquefois. Au nombre des lois de Solon, il y en avait une qui condamnait les adultères à jeter un bœuf par dessus le mont Taurus ; comme on faisait observer à Solon que cela était impossible : « Cela est vrai, répondit le législateur, mais il ne sera pas moins impossible de