Page:Giraud - Le Scribe, 1883.djvu/92

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Amours. La poussière donne aux toiles la mélancolie des choses délaissées. Les Cupidons peints, ralentissant leur course, semblent mener le deuil blanc d’un de leurs frères, — amour de chair, celui-là, — nourri de baisers & de mignardises, & mort un jour entre nous deux, il y a dix ans, dans ce boudoir.


Alors elle était belle, heureuse, adorée. Son âme avait aimanté mon âme. Elle sollicitait comme une énigme. Ses yeux glauques, profonds, invitants, — à la fois lumineux & sombres, avaient un changeant mystère. D’une boréale blancheur, sa peau ne s’avivait pas aux pommettes. Une luxuriante chevelure blonde coiffait d’or fluide sa tête pâle. Elle s’entourait des étoffes qui flattaient son teint, & sa toison flave semblait éclore de sa robe neigeuse, comme d’un lys blanc — une étamine fauve.

Son amour était de glace comme son corps ; mais de cette glace polaire si froide qu’elle fait l’illusion d’une brûlure. Ses dédains attiraient comme