Page:Giraud - Le Scribe, 1883.djvu/94

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lies d’octobre. Son buste aux florentines cambrures, épaissi par l’âge, a perdu la sveltesse de son jet, l’attache délicate du cou, la ligne harmonieuse des épaules. Aux tempes, se plisse une patte d’oie. Les fossettes deviennent des rides. Rouges, les paupières clignotent sur des yeux sans regard. La peau laiteuse est couperosée. Le pourpris des lèvres bleuit. La chevelure blonde, aux annelures d’or, fonce & paraît brune. Autrefois chaud & bien posé, son contralto a des notes tremblées d’ancien virginal. Honteuse d’être ainsi déchue, elle se roidit. D’un ton dégagé, elle récite une banalité mondaine. Mais la voix s’étrangle, mouillée de pleurs. Et nous nous retrouvons, la main dans la main, sur le sofa. Nous parlons de notre amour avec une douceur recueillie, — comme on parle des aimés qui sont morts. Comme il est berçant, le rappel des choses ! Nous revivons tout : le nonchaloir des divans ; l’inassouvie contemplation de nous-mêmes ; l’égrènement perlé des rires ; l’envol apparié de nos fantaisies, et, — dans les pays