Page:Giraudoux - Électre.djvu/142

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toi à moi. Je suis dans un de ces moments où je vois si nette la piste de ce gibier qui s’appelle le bonheur.

ÉLECTRE. – Hélas, ce n’est pas notre chasse d’aujourd’hui.

ORESTE. – Ne plus nous quitter, cela seul compte ! Fuyons ce palais. Allons en Thessalie. Tu verras ma maison, perdue dans les roses et les jasmins.

ÉLECTRE. – Tu m’as sauvée du jardinier, Oreste chéri. Ce n’est pas pour me donner aux fleurs.

ORESTE. – Laisse-toi convaincre. Glissons-nous hors des bras de cette pieuvre qui va nous enserrer tout à l’heure. Réjouissons-nous d’être réveillés avant elle. Viens !

PREMIÈRE EUMÉNIDE. – Elle est réveillée ! Regarde ses yeux !

TROISIÈME EUMÉNIDE. – Tu as raison. C’est merveilleux, le printemps, Oreste. Quand, par-dessus les haies qui n’ont pas encore poussé, on ne voit que le dos un peu mouvant des animaux qui broutent