Page:Giraudoux - Électre.djvu/151

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CLYTEMNESTRE. – Mon fils et ma fille me demandent si j’ai un amant ?

ÉLECTRE. – Ton mari ne peut plus te le demander.

CLYTEMNESTRE. – Les dieux rougiraient de t’entendre.

ÉLECTRE. – Cela m’étonnerait. Ils rougissent rarement depuis quelque temps.

CLYTEMNESTRE. – Je n’ai pas d’amant. Mais veillez à vos actes. Tout le mal du monde est venu de ce que les soi-disant purs ont voulu déterrer les secrets et les ont mis en plein soleil.

ÉLECTRE. – La pourriture née du soleil, je l’accepte.

CLYTEMNESTRE. – Je n’ai pas d’amant. Je ne peux avoir d’amant, même si je le désirais. Mais prenez garde. Les curieux n’ont pas eu de chance dans notre famille : ils pistaient un vol et découvraient un sacrilège ; ils suivaient une liaison et butaient contre un inceste. Vous ne découvrirez pas que j’ai un amant, puisque