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Page:Giraudoux - Électre.djvu/170

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AGATHE. – L’âge de l’amant ? Cela va de seize à quatre-vingts.

LE PRÉSIDENT. – Et elle croit me rabaisser en m’insultant ! Tes injures n’atteignent que toi, femme perdue !

AGATHE. – Je sais. Je sais. L’outrage appelle la majesté. Dans la rue les plus dignes sont ceux qui viennent de glisser sur du crottin.

LE PRÉSIDENT. – Tu vas enfin me connaître ! Quels qu’ils soient, tes amants, le premier que je vais rencontrer ici, je le tue !

AGATHE. – Le premier que tu rencontres ici ? Tu choisis mal tes endroits. Tu ne pourras même pas le regarder en face.

LE PRÉSIDENT. – Je l’oblige à s’agenouiller, je lui fais baiser et lécher le marbre.

AGATHE. – Tu vas voir comment il le baise et le lèche, le marbre, tout à l’heure, quand il entrera dans cette cour et viendra s’asseoir sur ce trône.