Page:Giraudoux - Électre.djvu/87

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CLYTEMNESTRE. – Cette fois, j’ordonne. Que la nuit te trouve dans ta chambre. Viens.

ÉLECTRE. – Justement. Comment abandonner mon mari, le soir de ma nuit de noces !

CLYTEMNESTRE. – Que faites-vous là ? Qui êtes vous ?

ÉLECTRE. – Il ne te répondra pas. Ce soir la bouche de mon mari m’appartient, avec toutes ses paroles.

CLYTEMNESTRE. – D’où venez-vous ? Qui est votre père ?

ÉLECTRE. – S’il y a mésalliance, elle ne sera pas grande.

CLYTEMNESTRE. – Pourquoi me regardez vous ainsi ? Qu’y a-t-il à me braver dans vos yeux ?… Et votre mère, qui était-elle ?

ÉLECTRE. – Il ne l’a jamais vue.

CLYTEMNESTRE. – Elle est morte ?

ÉLECTRE. – C’est peut-être ce que tu vois dans ses yeux, qu’il n’a jamais vu sa mère. Il est beau, n’est-ce pas ?