Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/123

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l’Aquitaine, de la Saintonge, débarquent du Mexique, de la Syrie, de mille terres tellement plus jalouses et lointaines que ces États-Unis de tous pays cousins et limitrophes ; et chaque Savernois, rangé comme à la sortie d’un quai, angoissé, semble attendre non une armée, mais un soldat particulier, un seul soldat : pourvu qu’il vienne ! Chacun, dans ce froid, disperse son souffle avec sa main comme devant un miroir, comme s’il s’attendait lui-même. Ah ! que la tâche est facile à ceux qui attendent des Anglais, des Siamois, des Portugais ! Sur tous les chapeaux de soie des notables, et sans qu’ils portent une lampe invisible au-dessus d’eux, joue un cercle lumineux, celui qui tombe de son lumignon, au crépuscule, sur la casquette cirée de l’allumeur de réverbères. M. Knœpfl surveille sa ville, y voyant à des signes aux autres cachés — je suis ses alertes sur son visage — que les Français devraient arriver juste maintenant, — plus maintenant, surtout pas maintenant —