Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/31

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tre heures, à la sortie du pensionnat, revinrent par des mains égales, des cerises, des fleurs, des journaux. Puis l’infirmière-major entra prendre mon nom ; son dernier poste avait été Cognac, garnison des Tchéco-Slovaques :

— Nasdar ! dit-elle en entrant.

— Sdar ! répondit mon voisin.

Et tous dans l’hôpital étaient ainsi dressés : c’est le salut des généraux et des soldats tchéco-slovaques… Elle me fit épeler mon nom comme on l’ordonne aux aphasiques, dire ma naissance, comme aux alcooliques, mon âge comme à ceux qui vont périr de vieillesse, me rassura et disparut.

— Dobra notché, cria-t-elle de la porte, car elle avait habité Hyères, garnison des Serbes, qui se souhaitent ainsi bonne nuit.

— Tché, cria mon voisin.

… Ainsi j’étais dans Châteauroux, où je fus interne sept ans et où jamais je n’étais revenu depuis les prix de rhétorique. Mon dernier soir dans cette ville, j’étais coiffé de