Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/95

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goût d’une cerise, le calibre d’un rayon : c’est toi mon créateur. Qu’as-tu à me regarder, de cet œil ? Les compliments te déçoivent toujours. Tu n’es orgueilleux que pour moi. Tu me trouves trop terrestre, dis ?

Jupiter, se levant, très solennel. — Tu n’aimerais pas l’être moins ?

Alcmène. — Cela m’éloignerait de toi.

Jupiter. — Tu n’as jamais désiré être déesse, ou presque déesse ?

Alcmène. — Certes non. Pourquoi faire ?

Jupiter. — Pour être honorée et révérée de tous.

Alcmène. — Je le suis comme simple femme, c’est plus méritoire.

Jupiter. — Pour être d’une chair plus légère, pour marcher sur les airs, sur les eaux.

Alcmène. — C’est ce que fait toute épouse, alourdie d’un bon mari.