Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE FAIBLE BERNARD IO7

pas inflexible dispersa, dont les sourires jouè- rent aux quatre coins. Il dédaigna une grande fille bleue qui cherchait de son haut une occasion dans les coupons d'un étalage. Mais, dans le Jardin, des étudiants facétieux avaient teint le bassin en rouge; les oiseaux, après avoir tracé dans le ciel le même vol, le ter- minaient, en se posant, chacun par son para- phe; un enfant voulait jeter une chaise dans la fontaine pour les poissons fatigués ; le clairon de garde, pris de gaieté, sonnait la retraite en fantaisie malgré les menaces du gardien chef. On ne pouvait ne pas être recon- naissant à cette joie facile, à ces enfants, à ces femmes, à toutes les fennnes, poupées de son et de satin, velours du monde. Il monta l'es- calier de son hôtel quatre à quatre; il crai- gnait, dans sa tendresse, de rencontrer, d'em- brasser la bonne.

La nuit tombait. Dans sa petite chambre qui donnait sur Paris et sur les cours de l'Ecole Polytechnique, avant de prendre son repas, il attendait le courrier. Chaque jour, vers cette heure, il faisait le compte des lettres qu'il pouvait raisonnablement recevoir, si la

�� �