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LE FAIBLE BERNARD 2o3

d'Académie. Le capitaine trouvait de mau- vais ton celle répugnance.

— J'aime une jeune fille. L'oncle sourit.

— L'amour est le grand chef. Epouse-la. Tu r aimes .î^

— Infiniment

Il sembla hésiter.

— Mais c'est une ouvrière.

— Tant mieux. Tu vas l'épouser. Je me charge de décider tes parents. Tu l'aimes, n'est-ce pas.*^

Il se frottait les mains. Il concluait :

— L'amour est le roi du monde. Bernard regardait avec pitié le front

exsangue, les joues gonflées du vieillard. Ce visage de cire, en plein midi, semblait tou- jours éclairé par le dernier rayon du soleil. C'était donc là l'homme qui s'était cru toute sa vie un modèle de volonté, et qui passait pour l'être. Pauvre volonté, que Bernard l'inconstant, d'un simple mot, faisait tourner d'un bloc! Pauvre volonté impitoyable qui durait juste un jour, juste une heure, comme une consigne, et qui s'anéantissait à la relève.

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