l’âtre rougit comme une mare au couchant, et coule de ses pieds aux pieds de la pharmacienne ; les cosses pétillent, à croire qu’un génie jaloux jette du sel dans la cheminée ; on l’en chasse, en tisonnant ; les mains se cherchent et les regards s’évitent à croire que les yeux sont pleins de larmes. On les chasse, en disant des mots.
— Il ne pleut pas, fait-elle ; il neige.
Ceux qui prétendent qu’il pleut sont de bien tristes personnages. Il neige, sur janvier fiévreux, toute la quinine du ciel. Mais la neige fond, à peine posée, comme si le génie expulsé répandait par vengeance ses poignées de sel sur la terre. Et, à peine posé, le rêve de l’agent voyer s’évanouit. L’été doucereux miroitait sur son visage, et le chauffait si bien, que, de dépit, il s’adosse au balcon. C’est alors que le lit de la pharmacienne lui apparut.
Si le lit de la pharmacienne est long, s’il est très large, s’il est de cuivre ou de noyer, l’agent voyer n’en saura jamais rien, car il n’avait pas assez l’habitude du bonheur pour le détailler à son passage. Le couvre-pied, d’ailleurs, formait housse.
C’était son lit, son lit de cuivre ou de noyer.