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Page:Giraudoux - Retour d’Alsace, août 1914.djvu/12

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RETOUR D’ALSACE

— Qu’est-ce que tu lis maintenant ?

Germinal.

On signale un accident au cerisier qui sert de poste central. Il part et c’est Pêcheur d’Islande que je recueille.

Soudain, on m’appelle à l’appareil. Voilà quelques heures j’avais, moi aussi, par plaisanterie, demandé un numéro ami du côté de l’Étoile. Je suis déconcerté comme si l’on répondait.

— Arrive, me dit une voix inconnue.

— Avec mon fusil ?

— Arrive. Le général Pau a besoin de toi.

C’est la dix-neuvième compagnie qui téléphone. Je ne me hâte point. Vous venons de voir passer le général, dans son auto blanche, bien calé, et qui semblait justement, s’il l’a jamais semblé, n’avoir pas besoin de moi. Lentement, je suis le fil téléphonique et j’arrive par lui à la dix-neuvième. C’est le seul moyen de ne point s’égarer, tout ce qui ne vient point par le fil vient à côté ; et le téléphoniste reçoit ainsi les munitions, les boîtes de conserve, les hommes en mutation. Il y a tout un entrepôt autour de lui. Le cheval signalé tout à l’heure est là, et attend qu’on le réclame.

C’est un lieutenant qui me demande. Au temps où il préparait la licence, il a connu, à Louis-le-Grand, mes camarades et désire me parler d’eux.