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Page:Giraudoux - Retour d’Alsace, août 1914.djvu/15

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RETOUR D’ALSACE

les heures de plus près. Je quitte le lieutenant licencié et regagne le couvent, où la sœur converse m’annonce qu’un ami est venu me demander. Elle sait déjà reconnaître les armes et, à son avis, c’est un cuirassier, ou un artilleur. Elle prétend aussi reconnaître l’amitié et affirme qu’il doit m’aimer beaucoup. Il reviendra demain.

Repas, puis on nous remonte coucher à l’école, alors que la compagnie de l’école descend coucher au couvent. On ne veut point que nous prenions des habitudes. On se défie de Dieu et de l’instituteur. Bonne nuit, malgré l’irritation de Horn, mon tampon, qui est chiffonnier et n’a pu vendre aux habitants la peau de notre lapin.


Burnhaupt, 18 août.

Départ à 5 heures dans la direction de Mulhouse. Passé de Soppe-le-Haut à Soppe-le-Bas, de Spechbach-le-Haut à Spechbach-le-Bas. Grand’halte dans un bourg qui n’est ni haut ni bas et n’a pas à s’équilibrer dans le vallon par un village jumeau. On découvrira d’ailleurs, plus tard, sur la carte, qu’il s’équilibre de l’autre côté de Strasbourg. Toilette du bataillon. Le barbier passe pour particulièrement francophile. Tout le monde va se raser chez lui. Chacun emporte son savon,