Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pe TÉIOHPHI DU PATHÉTIQUÉ ·

trop jeune, pas trop chauve — nous convenions de marier nos futurs enfants, j’acceptais d’épouser sa-fille, nous faisions le plus loin possible de nous, en dehors de nous, le nœud qui devait nous attacher pour toujours, — mais je sentais que tout cela était un jeu, un jeu de cache cache derrière lequel nous finissions par nous apercevoir, elle déjàémue, pâlie ; moi, Simon, aveugle et obstiné jusqu’à la mort. Tout ce qui lui parvenait de cet ami correct et aimable était maintenant tourmenté, passionné, presque ambigu. Chaque semaine, elle devait pourtant deviner de qui, Anne recevait un bouquet de fleurs blanches piquées d’une fleur pourpre ; à elle d’enlever cet œillet, cette rose. Elle m’avait aperçu, une ou deux fois, vers minuit, passant lentement dans sa rue ou à sa sortie du théâtre, sans parapluie sous-l’orage, les bords de mon chapeau ruisselants. Croyait-elle donc à mon Sosie ? Se ’ désintéressait-elle alors de mon Sosie ? L’écart s’accentuait entre mes lettres et mes paroles. Dès qu’Anne n’était plus devant moi, m’apparaissait une Anne plus proche, plus lointaine, à laquelle plus de liens et plus de souvenirs encore m’attachaient. C’est à celle-ci que j’écrivais maintenant. L’autre ne m’en parlait jamais ; elle eut seg nj olé à