Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/54

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nité, ’en fondant des piscines, — l’humanité doit être propre — ou des cours de morale du soir — l’humanité doit être honnête, se coucher honnête tout an moins. En vain il voulait de bonne foi épurer la magistrature, accélérer la vie des bureaucrates, écarter des rues les pelures d’oranges. — Chantage ! disait-on à chaque tentative. Il avait une. façon de condamner ’les exécutions capitales qui faisait dire :· s-Tiens ! Bolny est mal avec le bourreau ! Lié par son passé, il subventionnait en maugréant les instituts, les asiles. Inlassablement, il payait à j l’ordre de la vertu, de la pudeur, de la pro- « preté, mais toujours inutilement, et il les considérait toutes, après tous ses déboires, comme autant de maîtres chanteurs. J’étais confus de ’ rentrer dans mon pays, dans- mon avenir, par ’cette presqu’île fangeuse. Je redoutais surtout j les matins où il fallait, pour une affaire grave, le surprendre dans son sommeil. Je n’ai jamais vu dormir avec cette laideur : il dormait comme I un mort, les yeux blancs, le menton tombé, j ne rêvant jamais. On espérait qu’au réveil j il aurait tout oublié, sa richesse, sa force, son nom, comment on s’habille et comment on se tient debout. Mais, ses prunelles à peine