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VI
PRÉFACE

l’idée de consacrer quelques pages à une Syntaxe générale. Nous avons traité la même matière que ce savant hébraisant, mais le lecteur instruit ne manquera pas de découvrir une différence assez notable ; nous lui laissons le soin de prononcer de quel côté se trouve le plus d’exactitude et le plus de critique.

Les difficultés qu’on éprouve quand on veut passer immédiatement de la lecture de la Grammaire hébraïque à l’étude du texte de la Bible, et qu’on est privé des leçons d’un maître, nous ont fait sentir la nécessité de joindre à nos Principes de Grammaire, une Chrestomathie, dans laquelle nous nous sommes efforcé d’aplanir ces difficultés en fournissant par ce moyen aux Commençants comme un échelon qui leur servît à franchir par degré et avec beaucoup moins de peine, cet intervalle qui les effraie ordinairement au premier abord. Ce n’est pas que la Langue hébraïque soit, en réalité, plus difficile que bien d’autres. Au contraire, selon l’auteur de la Polyglotte de Londres, le célèbre B. Wallon, juge compétent en cette matière, l’Hébreu est dix fois plus facile que le Grec, et il faut employer dix fois moins de temps pour l’apprendre. L’expérience vient d’ailleurs confirmer l’assertion de ce savant auteur. Car sans parler de ce qui se passe tous les jours dans les Universités d’Allemagne, nous avons été témoin nous mêmes des progrès rapides que faisaient après quelques mois de Leçons les Élèves de Quatrième et de Cinquième du Petit Séminaire de Paris, lorsqu’il était dirigé par M. l’Abbé Frère. Mais, nous l’avouons, et c’est sans doute à quoi il faut attribuer, le peu de zèle qu’on met en France à se livrer à l’étude d’une Langue, si belle pourtant et si intéressante, l’Hébreu a cela de particulier, que le plus grand nombre des difficultés qu’il offre, se rencontrent dès les premiers pas. Cependant il est peu de Langues qui en offrent moins même dès les commencements, si on veut les apprendre d’une manière philosophique, c’est-à-dire si l’on veut se rendre raison d’une foule de phénomènes, dont une analyse rigoureuse découvre les causes et montre l’enchaînement. Accoutumés à des méthodes françaises, latines et grecques, qui ne font qu’effleurer la matière, et qui ne nous présentent des Langues que la superficie, nous ne pouvons voir qu’avec étonnement et une sorte d’effroi, dès les premières pages d’une Grammaire hébraïque, des considérations qui nous paraissent d’un ordre supérieur, et que nous croyons être du ressort exclusif des ouvrages savants qui traitent de la philosophie du langage. Au reste rien n’empêche qu’on ne puisse mettre les éléments de la Langue hébraïque à la portée de l’enfance même, en réduisant la Grammaire à un pur mécanisme qui n’offre