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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/193

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Voilà pourquoi, ma tendre amie,
Mes yeux sont entés dans les tiens,
Pourquoi, dans ma main affermie,
Cette baguette que je tiens.

Comme une panthère domptée,
Alors, le regard abattu,
Sous le doigt qui te tient matée
Tu viens me dire : — Que veux-tu ?

A ma lèvre qui se dessèche
Donne ta lèvre : j’aime tant
Cette bonne odeur, de chair fraîche
Qui sort de ton corps éclatant !

Ta force, jointe a ta mollesse,
Compose un assaisonnement
Vif et bizarre, qui me laisse
Au cœur comme un goût de piment.

Plus d’aspirations perfides,
Plus d’absurdes rêves d’amour
Devant tes épaules solides,
Qui luisent si bien au grand jour !

Belle fille, ô noble litière !
Brute qui frissonnes d’effroi,
Orgueil de la sainte Matière,
Quand m’anéantirai-je en toi ?