Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/195

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C’est par la poudre que plus rousse
Ta crinière épand ses parfums,
Et c’est le pinceau qui retrousse
Tes sourcils bizarres, si bruns I

Une légère tache d’ombre
Autour de tes yeux vient bleuir,
Afin que ta prunelle sombre
Puisse mieux briller et s’enfuir.

Pas un endroit qui par le plâtre
Sur ta face ne soit atteint,
Et tes lèvres que j’idolâtre,
C’est le vinaigre qui les teint.

Oui, tout est faux en ta personne,
Faux et charmant en même temps,
Bien que dans ton beau corps frissonne
La sève de tes dix-huit ans.

Je t’aime ainsi, c’est mon idée,
Pour ta beauté faite de soins.
Si je te voyais moins fardée,
Sans doute tu me plairais moins.

Qu’importe qu’elle soit factice,
Pourvu que, bien harmonieux,
Son assemblage retentisse,
Chant et lumière pour les yeux !