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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/202

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Car dans la source, où mon image m’apparaît,
Je vois que je deviens faune, que mes oreilles
Se terminent en pointe, et deux cornes, pareilles
Aux cornes d’un chevreau, se dressent sur mon front !
C’est pour moi que les fruits sauvages mûriront
Désormais, et voici que, par les échappées
Lumineuses du bois, les riantes Napées
M’agacent en fuyant sous les chênes branchus,
Et je danse dans l’herbe avec des pieds fourchus !




Voici le Soir.


Voici le soir : pareils au clair de lune,
Tes yeux charmants révent sous tes cils longs ;
L’air est léger ; si tu veux, nous allons
Dormir au bord de la mer, sur la dune.

Un chant s’élève entendu par mon cœur,
Un chant d’amour exhalé par ton âme,
Triste et bien doux, vers le ciel tout en flamme
Qui semble prêt à mourir de langueur.

La mer est là. Ses vagues argentées
Causent tout bas, tendrement, comme nous,
Et moi, je tiens, assis à tes genoux,
Dans mes deux mains tes deux mains abritées.