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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/232

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Le Vagabond.


À Auguste Vacquerie.



« Laissez-moi ! disait-il. Ma triste et vague étoile
Ne veut plus indiquer de chemin à mes pas.
Sur mon front le soleil s’obscurcit et se voile :
Je veux partir. Adieu ! ne me retenez pas.

Laissez-moi promener ma pensive indolence
Par les sentiers déserts, loin du bruit, loin des chants,
Loin de ce monde vain où l’on hait le silence,
Et qui m’a prodigué ses baisers desséchants.

À ma grande tristesse il faut la solitude,
Les sombres voluptés du calme et de la nuit ;
De ma propre douleur je veux faire l’étude,
Et contraindre à m’aimer le démon qui me nuit.

Je marcherai, pareil aux proscrits volontaires
Que tourmente un désir renaissant et cruel,
Et qui, blessant leurs pieds à parcourir les terres,
N’ont rencontré jamais un abri sous le ciel !